Amateurs d’art, dare-dare accourez ! En quête des œuvres du peintre Bernard Cadène sur Toulouse ? Poussez la porte de son atelier à Cugnaux. Le peintre reçoit chez lui sur rendez-vous.
LA RÉDACTION
Bernard Cadène. Photo © Pierre Monié.
Fidèle pendant 20 ans à la galerie d’Alain Daudet à Toulouse, le peintre Bernard Cadène a repris sa liberté lorsque le marchand d’art est parti à la retraite. Dorénavant, pour voir du Cadène dans la Ville rose, deux possibilités : soit vous en voyez chez ceux qui en ont acheté (mais difficile de repartir avec la toile), soit vous lui rendez visite dans son atelier. En effet, l’artiste accueille les amateurs d’art intéressés par son travail sur rendez-vous dans son antre à Cugnaux.
160 expositions personnelles à travers le monde, des œuvres présentes dans des collections privées et institutionnelles de 24 pays, défendu dans dix galeries en France, dont une à Montauban (Art 27 Galerie) et une à Albi (galerie Nadine Granier), Bernard Cadène reçoit chez lui en toute décontraction.
Basilique Saint-Sernin, 100x100cm, technique mixte huile acrylique.
Passé l’habitation et le jardin, on accède à son atelier baigné de lumière par d’immenses baies vitrées et des fenêtres de toit. Parmi les huiles et acryliques appuyées ici et là, on retrouve ses paysages, ses bouquets de fleurs, ses marchés, mais aussi ses dessins de nus et des monuments de Toulouse. L’explosion de couleurs sur ses toiles semble avoir éclaboussé la pièce. Écrites sur les poutres, les chaises et le frigo, des citations malicieuses font sourire, comme autant de slogans accrocheurs du temps où l’artiste était publicitaire. « À quoi bon prendre la vie au sérieux, puisque de toute façon nous n’en sortirons pas vivants », peut-on lire par exemple. Ou encore : « Je suis gentil avec mon fils, je n’oublie pas que c’est lui qui choisira ma maison de retraite », ce qui le fait toujours rire, à 81 ans. Quant à son fils, il ne l’a pas conduit dans une maison de retraite, mais aux granges de Gourron près de Luchon, paysages que le peintre a immortalisé ces dernières années.
Route de Gouron (Luchon), 100x100cm, technique mixte huile acrylique.
Aux murs de son atelier, les affiches de ses expositions passées, notamment chez Daudet, côtoient les affiches de commandes pour des événements de la région.
Bernard Cadène signe toujours celles de Jazz en Comminges, festival dont il fut à l’origine avec Pierre Jammes. L’accordéon de son père posé sur une poutre et les disques empilés sur des étagères rappellent sa passion pour la musique et le jazz en particulier, lui qui jouait dans un groupe pour payer ses études aux Beaux-Arts de Toulouse. « La musique, il faut connaître le solfège, les harmonies. Pour la peinture, c’est la même chose, il faut savoir dessiner. » Si Bernard Cadène s’illustre par sa maitrise de la couleur, « la couleur c’est la vie », confie-t-il, l’homme est avant tout un dessinateur hors pair diplômé en 1968 des Beaux-Arts de Toulouse. Destiné comme sa mère à l’enseignement, il ne tint qu’une journée et demie devant une classe avant de claquer la porte, préférant sa liberté : libre de faire ce qui lui plait, libre de ne pas se taire. La publicité lui ouvre alors les bras et le créatif signe quelques-unes de ses plus belles campagnes dans les années 1980. « On osait des choses. Ça n’était jamais irrévérencieux, c’était juste drôle. C’était l’après 68. » Pour autant nulle nostalgie pour celui qui vante une vie douce à Cugnaux qui commence chaque matin au bistrot avec les copains pour refaire le monde, avant de se remettre au travail, seul, devant son chevalet ou sa table à dessin. L’art abstrait attire de plus en plus le peintre.