Emmanuelle Vidal.
Chineuse aguerrie, Emmanuelle Vidal est passionnée par les arts décoratifs du XXe siècle depuis son plus jeune âge. « J’ai été initiée par ma mère, une collectionneuse dans l’âme, aux goûts éclectiques dans la mise en scène et une marchande hors du commun. » Ses premières années dans la profession sont ainsi entourées de marchands avec lesquels elle fréquente assidûment les salles de vente. Archives, expositions et livres d’art aiguisent sa curiosité et forgent déjà son goût pour le design du siècle dernier. Plus tard, son intérêt se porte plus précisément sur les décennies 50, 60 et 70, l’âge d’or du design vintage. « Le design des années 1950 à 1970 est d’une richesse surprenante. Ce sont des pièces intemporelles, certaines même iconiques, que j’aime associer à d’autres styles là où on ne les attend pas forcément. »
Mise en scène de l’étagère Zig-Zag de Joëlle Ferlande et François Monnet (1971) dans un appartement de collectionneur à Toulouse. Photo © Anthony Subra.
Au milieu des années 2010, le réaménagement de l’hôtel du Hameau des Baux, un 5 étoiles exceptionnel niché au pied des Alpilles, a été confié à Emmanuelle Vidal. Scénarisés dans ce salon provençal, une paire de commodes d’Ico Parisi de 1958, un canapé et deux fauteuils italiens (1950) recouverts d’un velours de chez Élitis autour d’une table basse en marbre et laiton de Paul McCobb (1954). Face à la fenêtre, deux fauteuils Boomerang FD-1340 de Peter Hvidt et Orla Mølgaard Nielsen (1950) encadrés par des rideaux faits sur mesure avec un tissu de la maison Dedar. Bibliothèque tournante en palissandre des années 1970. Photo © Studio Chevojon.
Sa première galerie ouvre en 1997 dans le quartier Victor-Hugo de Toulouse. Un lieu unique qui devient rapidement un repère pour les collectionneurs et les amateurs à la recherche de pièces design d’origine. Un banc de Charlotte Perriand, une paire de chauffeuses de Pierre Guariche, un bureau de Pierre Paulin, une enfilade d’Alain Richard... Aucun grand designer du mid-century n’échappe à Emmanuelle Vidal. Le succès est au rendez-vous.
Très vite, elle consacre également son activité au réaménagement d’espaces intérieurs auprès des particuliers et des professionnels. Son savoir-faire de scénographe s’exprime aussi bien dans la décoration de lieux de vie que dans la mise en scène de mobilier pour des hôtels ou toute autre enseigne désireuse de créer une atmosphère chic et inspirante. En collaboration avec une équipe d’artisans fidèles, (ébénistes, tapissiers...), elle réfléchit aux meilleures alliances de mobilier, luminaires, couleurs et matières pour satisfaire les exigences de sa clientèle.
Dans cette maison toulousaine baignée de lumière, le coin salon a été aménagé par Emmanuelle Vidal avec un ensemble des années 1970 aux reflets argentés. Bougeoir contemporain de la maison Jensen. Photo © Studio Chevojon.
En harmonie avec le parquet, meuble à portes coulissantes d’Alfred Hendrickx (1960) aux proportions parfaites. Vases de Jonathan Adler. Photo © Studio Chevojon.
En 2019, cette créatrice d’univers lance sa galerie en ligne qui réunit sa sélection de pièces patiemment chinées. « Par son modernisme et son style épuré, le design des années 1950 à 1970 est toujours très recherché. Bien au-delà de Toulouse... » Un an plus tard, sa rencontre avec Antoine Vignault, designer et galeriste, fondateur de la Galerie OAK, lui ouvre les portes de ce showroom de 80 m2 installé sur la place Montoulieu à Toulouse, dans une demeure classée du xive siècle. Ses meubles, luminaires et autres pièces des années 1950, 1960 et 1970 y côtoient des œuvres d’artistes contemporains : mobilier d’artistes, sculptures, céramiques, photographies, peintures, objets rares... Un mix and match constamment renouvelé et un jeu de styles parfaitement orchestré par ces deux professionnels passionnés.
À la Galerie OAK, les meubles, luminaires et autres trouvailles côtoient les créations d’artistes contemporains. Le tableau Europe signé Corinne Tichadou trône au-dessus de la table en orme de Jacques Adnet (1950) et des fauteuils du designer tchèque Jindrich Halabala (1930). Sellette d’Antoine Vignault. Grand vase fleuri de Beatriz Garrigo. Photo © Elsa Favarcq.
