À Cugnaux, du 7 octobre au 29 novembre, le centre d’art de la ville présente l’exposition rétrospective de l’artiste Bernard Cadène. Une plongée dans les mille vies du peintre, dessinateur, publicitaire et affichiste cugnalais.
LA RÉDACTION
Bernard Cadène. Photo © Hugo Simon.
« Ce sera ma dernière exposition institutionnelle », prévient Bernard Cadène. Après Blagnac, Laréole, Martres-Tolosane, Revel, Millau, c’est sa ville d’adoption, Cugnaux, au sud-ouest de Toulouse, qui organise sa 175e exposition, la dernière. « Je suis content d’exposer au Quai des Arts à Cugnaux, nous confie-t-il. Le lieu est magnifique. » En ce mois de juillet 2025, l’artiste de 82 ans nous reçoit dans son atelier, en pleins préparatifs pour cette exposition événement. Ici les cartons d’invitation pour le vernissage du 7 octobre, là le plan d’accès pour venir au Quai des Arts, et appuyées contre les murs de son atelier des toiles, récentes et anciennes, à l’acrylique, à l’huile, à l’encre de chine, encadrées ou pas, en caisse américaine pour la plupart. Certaines portent une pastille de couleur autocollante, signe qu’elles sont retenues pour l’expo. « J’ai toujours dessiné, raconte l’artiste aux origines familiales ancrées dans le bassin minier aveyronnais. La peinture, j’ai commencé vers 12 ou 13 ans. Dans l’exposition au Quai des Arts, je vais présenter mes peintures qui vont vers l’abstrait, mais j’aime aussi montrer que je sais dessiner. D’ailleurs, je reviens au figuratif, j’ai besoin de dessiner. » En fouillant dans le passé de l’artiste enfant, qui a grandi à Albi, le centre d’art exposera des tableaux datant de son adolescence. C’est le cas de la peinture à l’huile Maison dans le village de Marsal, réalisée en 1957 à l’âge de 15 ans. Le centre d’art présentera aussi quelques huiles sur toile que l’artiste, alors étudiant, a exécuté aux Beaux-Arts de Toulouse : Sabots, lampe à huile et faux et Violon, bougie et théière de 1963. « À l’époque on fabriquait nos châssis en bois, explique-t-il. Et pour tendre la toile on la badigeonnait de colle à poisson qu’on achetait à la droguerie Roubichou aux Carmes. »
Affiche de l'exposition « Une vie de créations » du 7 Octobre au 29 Novembre au Quai des Arts à Cugnaux.
La basilique Saint-Sernin à Toulouse dans une explosion de couleurs, à l'acrylique.
Ses études aux Beaux-Arts le destinaient au professorat. S’il a obtenu son diplôme de professeur des Beaux-Arts, Bernard Cadène a choisi une autre voie. L’homme aimait trop sa liberté. C’est dans la pub qu’il fera carrière. Il met son coup de crayon, son sens des harmonies chromatiques et son humour au service de très grandes marques : Pierre Fabre, Bosch, Wasa, Drill, Fram... Le professionnel travaille sur des slogans qui entreront dans l’histoire de la réclame. « La pub c’est avant tout une idée. » Dans son atelier aujourd’hui, les murs et les chaises sont couverts de bons mots, comme autant de répliques du dialoguiste Michel Audiard. « Je suis un marchand de bonheur, plaisante-t-il. Tout artiste se veut au service du bonheur des autres. »
Sabot, lampe à huile et faux, peinture à l’huile réalisée en 1963 pendant ses études aux Beaux-Arts de Toulouse.
Dessin académique de l’artiste réalisé en 1963 du temps des Beaux-Arts.
Nu de 2015 à l’acrylique.
Une autre passion du peintre : les affiches. Il en signera des centaines : pour la Foire de Toulouse, pour le meeting aérien Des Étoiles et des Ailes, pour le festival Jazz en Comminges… Le Quai des Arts en exposera une sélection. La musique est l’autre passion de l’artiste. Enfant, il apprend le violon, puis passe à la basse et à la guitare basse en rejoignant l’orchestre de Jacques Vila, avec lequel il va écumer les bars et les scènes de la région jusqu’à la naissance de son fils François en 1968. S’il voue une profonde admiration en peinture à Picasso dont il dit « c’est un génie ! Je suis un pauvre con à côté de lui », il reconnait le même pouvoir à Miles Davis en musique. « Je l’ai vu sept fois. À Cimiez, au festival de jazz de Nice, j’étais même assis dans un arbre pour le voir. »
Illustration de Jean-Claude Pertuzé, extraite d’un dessin racontant, de façon humoristique, l’histoire de Bernard Cadène. En 1982, pour ses 40 ans, par ses amis.
Avec son agence de communication PBC, Bernard Cadène met en 1972 Jacques Chirac, Pierre Bérégovoy et Georges Marchais dans une baignoire pour Anconetti.
Toute sa vie, Bernard Cadène dessine et peint. Une rencontre va propulser sa carrière. « Madame Dutilleul, avec sa galerie au pied de la cathédrale d’Albi, m’a mis le pied à l’étrier dans les années 1980. Ce que je faisais lui plaisait. Elle m’a pris quelques toiles. Trois jours plus tard, elle les avait vendues, elle en voulait d’autres. » C’est ainsi que Bernard Cadène, en parallèle de son métier de publicitaire, va enchaîner les expos en galeries en France et à l’étranger : aux États-Unis, au Japon, en Italie et en Suisse. Aujourd’hui plusieurs galeries de notre région l’exposent : Art 27 galerie à Montauban, My Gallery et la Galerie Sakah à Toulouse et Nadine Granier à Albi. Événement de l’automne, Le Quai des Arts de Cugnaux consacre à l’artiste une exposition institutionnelle inédite du 7 octobre au 29 novembre pour retracer Une vie de créations. À ne pas manquer.