Les contrées perdues du monde et la Ville rose ne font qu’un quand Stéphanie Ledoux saisit son fidèle compagnon, le crayon. Des regards, des rides et des expressions composent les œuvres de l’artiste
amoureuse de voyage.
Arthur Dias - PHOTOS D’ATELIER JULIE FOURMONT ET CHARLOTTE ADER.
Un beau jour, un dilemme s’est imposé à moi… Continuer mon CDD dans l’agronomie ou m’envoler pour le Yémen aux côtés d’artistes. La petite voix qui me poussait à faire du dessin a fini par me convaincre », confie l’artiste. Un choix peut changer une vie, Stéphanie Ledoux le sait mieux que quiconque.
Suite à des études de biologie et d’écologie, la jeune femme poursuit sa carrière professionnelle à l’Institut national d’agronomie. « Cela a duré quatre ans, mais je sentais au fond de mon être que je n’étais pas épanouie. » Celle qui se désigne comme une artiste voyageuse a commencé à parcourir le monde dès son plus jeune âge aux côtés de ses parents. Une entrée dans une vie fantastique qui l’a menée à une exploration de notre belle planète : « Namibie, Papouasie, Birmanie, Japon, Colombie… j’ai perdu le compte il y a bien longtemps », avoue-t-elle le sourire aux lèvres. Si la dessinatrice s’est éprise d’une passion dévorante pour l’aventure en dehors des frontières de l’Hexagone, elle ne peut s’empêcher de rentrer chez elle, à Toulouse.
« J’ai un atelier-cocon ici, au bord de la Garonne. Je crée entourée de mes travaux et de mes objets rapportés de voyages. Cela va de la statuette protectrice offerte par une famille de l’archipel des Marquises à un bocal rempli d’une terre ocre venant de Namibie, que les femmes s’appliquent sur la peau et les cheveux. »
Un regard qui vous suivrait au bout du monde…
« Akati Pea », cette toile colorée a été réalisée à quatre mains. Une collaboration avec la créatrice de bijoux Maud Villaret.
Stéphanie Ledoux crée à travers de multiples techniques : collage, dessin, encre, aquarelle, acrylique, linogravure et peinture à huile. Une diversité qui permet à l’artiste d’éviter la répétition, néanmoins les étapes de créations forment un schéma proche du rituel. « Tout part d’une rencontre sur le terrain, un coup de cœur. Je discute, j’essaye de comprendre leur culture et de mieux connaitre leur quotidien. Une fois en confiance et qu’ils me donnent leur aval, je réalise un croquis, qui prendra véritablement vie sur un plus grand format dans mon atelier. » La passionnée de voyages enchaine : « Je me souviens d’une rencontre marquante… Une tatoueuse de 103 ans qui vivait aux Philippines. Pour rendre notre rencontre davantage marquante, elle a tenu à me tatouer. J’ai évidemment accepté », s’amuse-t-elle. Avec à son actif plusieurs centaines d’œuvres et quelques dizaines d’expositions, la globe-trotteuse ne fait pourtant que commencer son aventure :
« La crise sanitaire m’a malheureusement contrainte à changer mes plans. Néanmoins, j’espère pouvoir m’envoler pour l’Inde en 2022. Avant cela, j’ai exposé durant les fêtes de fin d’année à l’Hôtel Albert 1er à Toulouse », explique Stéphanie Ledoux avant de conclure : « Si mes œuvres sont comprises du sud de la France à la Birmanie, de la Tanzanie au Yémen, c’est parce que mes créations touchent une partie centrale à l’humain. Mes rencontres m’ont fait réaliser que malgré nos modes de vie parfois extrêmement différents, nous possédons tous un socle commun qui nous rassemble ».
Stéphanie Ledoux vit et travaille entourée de ses créations. Une façon de ramener le monde dans la Ville rose.
Les Namibiens sont conquis par le travail de l’artiste toulousaine. Un moment de complicité volé sur le terrain et des sourires communicatifs.