Galerie pas comme les autres, bien connue des collectionneurs et amateurs, Serventi est une affaire de famille qui se partage entre antiquaire et marchand d’art. Aucune crainte d’y entrer, coup de cœur contrôlé.
La rédaction
Alix et Léa Serventi, la nouvelle génération de la galerie Serventi.
Dans la galerie Serventi rue d’Astorg à Toulouse, les peintures et les sculptures côtoient les meubles d’époque. Cette originalité remonte à l’histoire de la famille. De parents antiquaires, André Serventi se lance dans les antiquités en 1983. Peut-être avez-vous connu son hangar à Merville dont la réputation a rapidement dépassé les frontières de la région. Dans les années 1990, les Américains et les Italiens raffolent des meubles d’époque, de bibelots, d’argenterie, de jouets anciens français.
Mais tandis que cet engouement s’estompe, André s’intéresse à la sculpture et la peinture du xxe siècle, essentiellement des artistes de la région. Le succès de son entreprise lui permet d’ouvrir à Grenade-sur-Garonne sa première galerie d’art en 2004. Le marchand se spécialise alors dans les signatures, des artistes de la région cotés : Raymond Espinasse, Max Savy, André Marfaing… Son épouse Catherine le rejoint et développe l’activité sur Internet. En 2012, la galerie déménage pour la Ville rose, rue d’Astorg. Où qu’ils aillent, la clientèle les suit, essentiellement des collectionneurs. Coiffés de la double casquette d’antiquaire et de galeriste, André et Catherine sont rejoints par leurs filles Léa en 2015 puis Alix en 2018, après leurs études en commerce et histoire de l’art.
Miroir en bois sculpté style Louis XV.
Sous le sable de la plage, Hervé Di Rosa. Acrylique sur toile. 100x100cm. Série Grotesque, Circa 2009/2011.
Fond bleu, 2021, Did Dontzoff. Acrylique sur toile. 150x180cm.
Sensibles à l’art contemporain, les sœurs font entrer de nouveaux artistes dans le répertoire de la galerie (Jazzu, Did Dontzoff…). Leur énergie dynamise les vernissages et événements, décuple l’activité sur les réseaux sociaux. La galerie organise des expos pour les jeunes artistes comme les confirmés (Pierre Prèneron). Qu’on les découvre ou redécouvre, le talent appelle le succès. Mais pour autant l’identité de la galerie reste la même. En effet, contrairement à la plupart de leurs confrères qui prennent les œuvres en dépôts, Serventi possède les œuvres qu’elle a à la vente. « Nous continuons de faire ce qui a fait le succès de notre père, indique Alix. Nous achetons des signatures, des valeurs sûres, que les collectionneurs recherchent. »Citons JonOne, Jean Miotte, Hervé Di Rosa, Victor Charreton, Yves Brayer. Acheter une œuvre d’art, c’est d’abord un coup de cœur. Mais si, deux ans après, le coup de cœur a perdu la moitié de son prix, il peut laisser un goût amer. C’est pourquoi ici on parle sans fausse pudeur de la valeur d’une œuvre, de l’artiste et d’investissement. « L’art fonctionne comme les voitures, résume Alix, il y a un argus. Quand on ne connait pas l’art, il faut être aidé. Nous prenons beaucoup de temps pour tout expliquer à nos clients. Acheter de l’art ne s’improvise pas. Pour ceux qui s’interrogent sur la valeur d’un meuble ou d’une œuvre qu’ils possèdent, André se déplace chez les particuliers pour des expertises gratuites. Parfois une simple photo envoyée par mail peut suffire. « Cela représente une part importante de notre activité », indique Alix. Antiquaire et marchand d’art, la galerie Serventi défend une autre façon de faire commerce de l’art, une manière de faire familiale, décomplexée, sans tabou, où le coup de cœur n’est pas un coup de volant dans le décor.
Astrée, Volti. Bronze. H.39xL.75cm. Fonte Susse EA II/IV.
Expression tremblante, 2007, Jin Bo. Huile sur toile. 70x70cm.
Commode bordelaise en acajou massif d’époque xviiie siècle.
Sans titre, 2021, JonOne. Acrylique sur toile. 132x132cm.
Non titrée, série des « Fleurs », 2008, Pierre Prèneron. Acrylique sur papier marouflé sur toile. 153x104cm.