Rencontre avec les peintres Jared Coffin et Régis Minois à Cordes-sur-Ciel autour du processus de création et de leur rapport au sujet, les paysages de notre région.
← Jared Coffin : Ses œuvres sont actuellement exposées dans la galerie d’art La Barbacane à Cordes-sur-Ciel.
→ Régis Minois : Ses œuvres sont présentes dans de multiples collections particulières en France et à l’étranger. Il est actuellement exposé dans la galerie d’art de Matthieu Dubuc à Rueil-Malmaison, mais aussi à Chartres dans la maison-galerie Artuoz, à Hossegor et à la galerie La Barbacane à Cordes-sur-Ciel.
A Cordes-sur-Ciel, la galerie d’art La Barbacane expose des artistes contemporains. Parmi eux, deux ont posé leurs valises dans la région voilà suffisamment longtemps pour que nos paysages pénètrent leur peinture.
Jared Coffin est américain, il étudie le graphisme, l’illustration et la peinture au Columbus College of Art & Design dans l’Ohio, un des plus anciens collèges privés d’art et de design aux États-Unis. Il s’installe en 2012 à Saint-Antonin-Noble-Val après avoir peint Boston, Brooklyn et Rotterdam sur sa route.
Régis Minois est originaire de Saint-Malo. Il arrive au Mans à l’âge de 11 ans. Après le bac il y étudie les Beaux-Arts. À 30 ans en 1989, Régis Minois peut enfin se consacrer totalement à la peinture. En 2002, après 2 ans de résidence d’artiste en Italie, il s’installe dans le Tarn pour retrouver la lumière méridionale de Toscane.
Régis Minois dans son atelier situé dans la campagne cordaise.
Pour comprendre le processus de création et l’interaction entre l’artiste et son sujet, nous leur avons donné rendez-vous au café Le Panoramique, sur la place de la Bride à Cordes-sur-Ciel, avec vue à 180° sur les collines alentour.
« Je peins en plein air, explique Jared Coffin. D’abord chez moi je fabrique mes supports en bois que je recouvre de gesso. J’en glisse 3 ou 4 de différentes tailles avec mes peintures à l’huile dans mon gros sac à dos. Ensuite j’attends le bon moment pour aller peindre. Lendemain d’orage, brume matinale, cet instant où la lumière chaude devient froide, je pars.
– Moi c’est l’inverse, indique Régis Minois. Je marche dans la campagne cordaise le matin avec mes chiens. J’observe, je m’imprègne. J’exécute de petits croquis sur des bouts de papier. Ensuite je rentre à l’atelier. »
L’envol, Régis Minois, mars 2018, huile sur toile, 100 x 100 cm.
Tous les deux peignent à l’huile mais leur technique est très différente.
« Sur place, raconte Jared Coffin, le support en bois contre moi, je fais un croquis, puis je peins une à deux heures. Je reviendrai sur le lieu 3 ou 4 fois pour terminer la toile.
– Tu fais un peu comme Monet, remarque Régis Minois. Il revenait plusieurs fois peindre son modèle.
– Oui, c’est mieux pour capter l’atmosphère du lieu, reprend Jared Coffin. En revenant plusieurs fois, je découvre des détails qui m’avaient échappé et que je peux ajouter. Je peins par couche. Je m’intéresse à la perception de la réalité, à son évolution dans le temps et à la manière dont elle continue de se révéler.
– À l’atelier je peins à l’huile en pleine pâte, explique Régis Minois. Pour cela j’utilise un couteau large. La magie de la nature, le détail d’une plante, le fil de l’eau, c’est une peinture d’impression. J’y pense, je prépare, puis ça part. Je gratte, j’enlève, j’utilise des règles de plâtrier, l’action est très rapide… et soudain ce que je recherche arrive. Ce n’est pas loin d’être de l’abstrait. Parfois, dans mes tableaux je distingue un détail qui me plait et je me dis que c’est ça qui doit devenir le tableau. Alors je réinterprète le détail en grand sur une nouvelle toile. Et quand je regarde ce nouveau tableau, je revois un détail… C’est infini. Je ne fais pas de la peinture abstraite mais de la peinture extraite », plaisante Régis Minois.
Pour décrire ces deux artistes, Didier Ricaud de la galerie La Barbacane cite volontiers Nicolas de Staël, « on ne peint pas ce qu’on voit, mais le choc qu’on a reçu ».
« À Saint-Antonin-Noble-Val, raconte Jared Coffin, la côte en direction de Vaour donne l’impression de décoller comme un avion. Tu traverses la brume, et derrière les nuages, le soleil. La transition est magique. C’est ce que je préfère, quand le sujet est derrière. Le sujet sur mes toiles est masqué, il transparaît.
– Plusieurs balades peuvent être nécessaires pour composer une toile, explique Régis Minois. Mais parfois un paysage suffit à produire un choc. Je me souviens de ce paysage d’automne. J’ai immédiatement foncé à l’atelier et peint une toile de 65x54cm que j’ai nommée Impression d’automne. »
Paysage Murel II, Jared Coffin, 2018, huile sur bois, 40 x 45 cm.
Impression d’automne, Régis Minois, huile sur toile, 65 x 54 cm.
De retour à la galerie La Barbacane, devant leurs tableaux se pose la question de la prise en compte du spectateur, de l’acheteur et du collectionneur.
« Je balaie cette idée, prévient Régis Minois. Sinon je me retrouverais à faire une peinture pour les gens, attendue.
– Picasso le disait très bien, intervient Didier Ricaud : « se copier soi-même est plus dangereux que de copier les autres... c’est stérile ». Il est vital que les artistes explorent sans cesse de nouveaux chemins d’inspiration.
– De toute façon, reconnaît Jared Coffin, on ne peut jamais savoir ce que le spectateur va penser de notre tableau. Son ressenti est une expérience, un dialogue avec l’œuvre.
– Quand l’art est sincère et authentique, il parle aux gens, conclut Didier Ricaud. Je suis persuadé de l’universalité de la beauté. Les œuvres belles esthétiquement parlent au cœur. Il y a ceux qui achètent l’art avec leurs oreilles, l’art spéculatif, et ceux qui achètent avec leur cœur. »
Brume matinale dans la vallée de l’Aveyron (regardant vers Féneyrols),
Jared Coffin, 2017, huile sur bois, 48 x 73 cm.
Après 25 ans à courir le monde Didier Ricaud a décidé d’inverser les rôles et de laisser venir le monde à lui, à sa galerie. Tombé sous le charme du Tarn, il a ouvert La Barbacane le jour du printemps 2019 à Cordes-sur-Ciel, 50 m après la Porte de l’Horloge. Son leitmotiv : proposer des œuvres à fort potentiel émotionnel dans un lieu dont la porte est toujours ouverte. « Je suis favorable à l’art qui crée sérénité et beauté. Les artistes que j’expose extraient la beauté du monde pour la mettre sur la toile. » Les peintures aux murs ou sur des chevalets et les sculptures sur des consoles se répondent harmonieusement. C’est un lieu dans lequel on se sent bien. « On est là pour partager des sentiments et voir de belles choses. L’important c’est que les œuvres parlent au public, qu’elles créent une petite ou une grande émotion, qu’elles suscitent la curiosité. »
Didier Ricaud expose dans sa galerie La Barbacane à Cordes-sur-Ciel les deux artistes Jared Coffin et Régis Minois.
La galerie La Barbacane est située dans la cité médiévale de Cordes-sur-Ciel.
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