Oasis de quiétude aux portes d’Albi, le château du Gô renaît du passé et ouvre les portes de son domaine. Un lieu unique chargé d’histoire qui a su retrouver son âme grâce à l’audace et à la ténacité de René Roy et de Marie Lopez, les actuels propriétaires.
EMMANUELLE GUY - PHOTOS STUDIOTCHIZ
Havre de paix aux portes d’Albi, le château du Gô a retrouvé son faste d’antan et dévoile depuis le mois d’avril dernier les nouveaux atouts d’un domaine chargé d’histoire. Comme beaucoup d’autres détails, l’ancre dessinée sur le portail évoque le domaine maritime, en hommage aux exploits du comte de Lapérouse qui naquit au château en 1741.
En prenant possession des lieux en 2019, René Roy et Marie Lopez se lancent un défi. Redonner son faste au château du Gô, ancienne métairie albigeoise du XVIe siècle, pour partager un patrimoine inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1984. L’enjeu est de taille et il faudra plus de deux ans de restauration pour mener à bien l’aventure et faire de ce haut lieu historique une chambre d’hôtes singulière et atypique.
« Nous avons fait appel à des artisans locaux et à l’École européenne de l’art et des matières à Albi pour une rénovation de qualité alliant savoir-faire traditionnel et modernité. » De patients travaux aujourd’hui achevés pour un résultat à la hauteur des ambitions du couple.
À l’extérieur, l’édifice de briques construit dans la tradition Renaissance révèle toute sa splendeur. Le château est composé de trois ailes de bâtiments disposées autour d’une cour centrale. L’aile sud, la plus ancienne, date du XVIe siècle. Elle a été successivement complétée au XVIIe siècle par l’aile est, puis au XIXe siècle par l’aile ouest, reconnaissable à son architecture à galets. À l’abri des regards, l’ensemble est dissimulé par un parc boisé de trois hectares sur une presqu’île formée par un méandre du Tarn.
Patrimoine sauvegardé, les façades et les toitures du château du Gô sont inscrites depuis 1984 au titre des Monuments historiques.
Dans la cour, une fresque du comte de Lapérouse invite au voyage.
René Roy et Marie Lopez, propriétaires du château du Gô depuis 2019, ont entrepris plus de deux ans de patients travaux de rénovation avant de pouvoir accueillir leurs premiers hôtes.
Aménagée à l’arrière du château, une grande terrasse s’ouvre sur le parc et offre une vue imprenable sur la campagne albigeoise environnante propice à la contemplation. Repeints en bleu, les volets de la façade sont un clin d’œil à la famille de Galaup, anoblie pendant la période faste de la culture et de la commercialisation du pastel.
Le château du Gô témoigne par son architecture de plusieurs restructurations menées au fil des siècles. L’édifice est aujourd’hui composé de trois ailes de bâtiments disposées autour d’une cour centrale en galets du Tarn d’origine. Surmontant la façade principale, une coursive extérieure permet de joindre les ailes est et ouest.
Bénéficiant d’un environnement privilégié, le château du Gô est entouré par trois hectares de parc en bord du Tarn.
Au rez-de-chaussée, le salon a conservé ses plafonds à la française et sa cheminée en briques d’époque, modernisée par un poêle à bois suspendu de la marque Focus. Ancien et moderne se côtoient sans fausse note avec un papier peint panoramique Pine Trees des Dominotiers et le choix d’un mobilier plus contemporain, comme cet ensemble de table et chaises Tulip du designer finno-américain Eero Saarinen.
Datant du XVIe siècle, un très bel escalier à vis en chêne non raboté qui menait à la tour du château aujourd’hui arasée.
Au premier étage, le salon bibliothèque a été décoré dans le respect de l’âme du château. Chinées par Marie, les assises de style Louis XVI ont été retapissées par Jean-Charles Fauré, tapissier décorateur à Albi. De nombreux meubles ont également été restaurés par Thierry Fougère, artisan ébéniste à Puygouzon.
Sur les traces de Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse.
Un véritable havre de paix chargé d’histoire. Celle de Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse, qui naquit
au château du Gô en 1741. Et une invitation au voyage sur les traces de cet intrépide capitaine de vaisseaux de la Marine royale élu par Louis XVI pour repousser les frontières du monde connu. L’évocation de l’explorateur est ainsi omniprésente. « Nos trois suites lui rendent hommage. La chambre Lapérouse où il est né. La chambre Éléonore, en mémoire de son épouse. Et la chambre Amazone, clin d’œil au cheval des armoiries des Galaup de Lapérouse mais aussi au nom du bateau que le navigateur a commandé pendant la guerre d’indépendance des États-Unis. » Ces trois chambres et leurs salles de bains respectives ont été patiemment décorées avec goût et passion par Marie et entièrement rénovées pour apporter tout le confort actuel.
Un mélange subtil de tradition et de modernité que l’on retrouve dans le salon bibliothèque du premier étage aménagé avec un mobilier plus contemporain. Celui du rez-de-chaussée a conservé sa cheminée d’époque et ses plafonds à la française, aujourd’hui classés. Là encore, un mix and match parfaitement orchestré où se côtoient ancien et moderne fait de cette pièce maîtresse un espace chaleureux où il fait bon s’attarder. Pour René et Marie, le pari est gagné. Patrimoine sauvegardé, le château du Gô rayonne à nouveau. La chambre d’hôtes a ouvert ses portes en avril dernier et accueille désormais ses premiers visiteurs.
Tapissée de toile de Jouy, la chambre Amazone. Par souci du détail, la tête de lit
est accordée au tissu des rideaux pour un résultat parfaitement harmonieux.
Délicate et raffinée, la chambre Éléonore, en mémoire de l’épouse de Lapérouse. Au-dessus du lit, une tenture murale aux couleurs chaudes et naturelles accentue l’esprit romantique de la pièce.
Rénovée dans l’esprit des voyages au long cours, la chambre Lapérouse rend hommage au navigateur. Représentant un tableau du XVIIIe siècle de Claude Joseph Vernet, une impressionnante marine au soleil couchant a été reconstituée en lés de papier peint (Les Papiers de Paris). Au plafond, un ciel étoilé peint par Maïké Degrieck de l’École européenne de l’art et des matières, à Albi.
Modernisées, les salles de bains des trois suites de la chambre d’hôtes offrent tout le confort actuel. Ici, dans la suite Amazone, une douche à l’italienne et des carreaux mosaïques noirs très contemporains.
Dans la salle de bains de la chambre Éléonore, ambiance rétro avec un papier peint Osborne & Little. Un superbe fini nacré pour ces carpes Koï dans une eau tourbillonnante.