Entre 1997 et aujourd’hui, à son rythme, un couple transforme sa maison jusqu’à en faire une maison qui consomme moins d’énergie qu’elle n’en produit !
La maison de Marie-Claude et Éric aujourd’hui. Cette maison construite dans les années 1970 répond aux exigences de consommation énergétique actuelles.
La trentaine, Marie-Claude et Éric achètent en 1997 une maison de 400 m² habitables à Labarthe-sur-Lèze, à 20 km au sud de Toulouse. Elle est médecin du travail, lui est ingénieur aéronautique. La maison a été construite en 1975 de façon traditionnelle par un maçon. La qualité du gros œuvre ne fait aucun doute. Les murs sont isolés, ce qui était plutôt rare à l’époque. Sur le terrain, la villa est bien orientée avec de larges ouvertures au sud, et de petites au nord. Voilà pour le positif. Pour le reste, le toit n’est pas isolé, les fenêtres sont à simple vitrage, le chauffage électrique est de mauvaise qualité. Comme un glouton, la maison dévore de l’énergie pour un confort tout relatif. La facture énergétique plombe.
Pendant 20 ans, le couple va régulièrement effectuer des travaux qui vont progressivement ramener la maison en classe énergétique A (logement économe en énergie). La méthode est simple : prioriser les travaux. Des actions simples et gratuites peuvent s’avérer bougrement efficaces, tandis que des investissements lourds peuvent être peu rentables. La mise en place d’aides, de l’état et des collectivités, se révèle accélérateur de travaux.
À leur arrivée dans la villa, en 1997, le couple remplace immédiatement le chauffage électrique par un chauffage central au gaz. Ainsi, le chauffage, l’eau chaude et la cuisson passent au gaz. À partir de ce moment, Éric va consciencieusement relever ses consommations de gaz et électricité tous les mois. Cela va l’aider à mesurer les économies d’énergie qui découleront des travaux effectués.
L’hiver suivant, Éric prend une mesure radicale, simple à mettre en œuvre, gratuite et qui rapporte beaucoup. Il réduit la température de chauffage de 21 °C à 19 °C. Spectaculaire ! L’économie est de 10 000 kWh/an, équivalent à 500 € par an.
La gestion de la température intérieure grâce à un thermostat est capitale. Dans cette maison de 400 m², en passant de 21 °C à 19 °C, le couple a économisé 500 €/an.
En 2002, isolation d’une partie du toit. Il s’agit de 80 m² de combles au-dessus du rez-de-chaussée, isolés par 20 cm de laine de verre pris dans un faux plancher. Ces travaux sont revenus à 3 000 €. L’économie d’énergie s’élève à 10 000 kWh/an, soit 500 € par an. Travaux rentabilisés en 6 ans.
25 à 30 % des pertes thermiques d’une maison peuvent provenir du toit. Voilà pourquoi le couple n’a pas hésité à isoler le plancher des combles.
Deux ans plus tard, une aide du département convainc le couple d’installer un chauffe-eau solaire (395 litres) relié à 5 m² de panneaux solaires thermiques. 75% de ses besoins annuels en eau chaude sont assurés. Dimensionné pour 4 personnes et 3 salles de bains, l’investissement revient à 3 000 € (aide de 3 500 € déduite). Peut-être parce que son foyer fait attention à sa consommation d’eau, le gain énergétique n’est que de 2 500 kWh/an, soit 125 € par an. Rentabilité : 25 ans.
Chauffe-eau solaire. L’installation, un peu chère à l’achat, requiert peu d’entretien par la suite.
En 2005, pour prétendre à l’éco prêt à taux zéro et au crédit d’impôt, Éric et Marie-Claude envisagent de réaliser un bouquet de travaux. Pour savoir lesquels, ils se rapprochent du thermicien Philippe Lemaire. Les relevés de compteur d’Éric lui sont d’une aide précieuse. On équipe la villa d’une VMC double flux. Les menuiseries simple vitrage sont remplacées par du PVC double vitrage. Une chaudière bois remplace celle à gaz.
La VMC double flux consiste à transférer les calories de l’air vicié extrait à l’air neuf entrant. Ainsi l’air qui entre dans la maison par les bouches d’aération est préchauffé. Coût : 6 500 €. Gain énergétique : 4 000 kWh/an soit 200 € par an. Rentabilité : 30 ans.
La ventilation mécanique contrôlée (VMC) double flux. Cet équipement s’avère incontournable dans les maisons qui se veulent très économes en énergie.
Le remplacement des menuiseries est une question de confort. Coût : 30 000 € pour 21 fenêtres dont 5 portes-fenêtres, 1 porte d’entrée et 2 portes de service. Gain énergétique : 6 000 kWh/an soit 300 € par an. Rentabilité : 100 ans.
L’étude du thermicien a permis de montrer que la chaudière à gaz de 32 kW était désormais surdimensionnée. Une chaudière à granulés de bois ÖkoFEN de 15 kW la remplace. Coût : 9 600 € (aide de 4 400 € déduite). Coût des granulés par an : 900 € (chauffage et eau chaude), l’équivalent d’un silo.
La chaudière à granulés de bois Pellematic de ÖkoFEN est raccordée à un silo bâti. Il peut contenir un peu moins de 5 tonnes de granulés (moins de 7 m³). L’entretien et la maintenance de la chaudière et du chauffe-eau solaire ont été confiés à JLR Énergie (Lacroix-Falgarde).
À ce stade, le diagnostic énergétique révèle que la maison est passée de la classe énergétique E à B.
En 2013, le couple réalise l’isolation du plancher du rez-de-chaussée (160 m²) avec 10 cm de laine de roche placés entre le hourdis et le faux-plafond de la cave. Après ces travaux, la facture énergétique de la maison n’est plus que le quart de celle de 1997.
En 2014, le couple s’intéresse au photovoltaïque. Il fait appel à l’ingénieur conseil Philippe Flament. Ils vont ensemble concevoir un triple garage dont le toit photovoltaïque sera le plus optimal possible. « L’inclinaison et l’orientation sont au top », revendique Éric. Les 30 panneaux solaires, de 8,5x5,5m, produisent 8 800 kWh/an et, vendus à EDF, rapportent 3 000 €. Coût : 24 000 €. Rentabilité : 8 ans. Durée du contrat : 20 ans. Notez que cette famille consomme alors 6 000 kWh/an, donc moins qu’elle ne produit.
Le triple garage est couvert de panneaux photovoltaïques. Au vu de la rentabilité de cet investissement, c’est une très bonne opération.
En 2016, nouvelle salve de travaux. La réfection de la toiture (310 m²) donne l’occasion d’isoler les pièces de l’étage qui ne l’avaient pas été en 2002. L’isolation du toit est faite par l’extérieur (méthode sarking) avec de la mousse haute densité de 160 mm d’épaisseur recouverte d’un film d’aluminium. Coût global : 70 000 € financés par un prêt personnel. Éric est enchanté. « Je l’ai constaté cet été. À l’intérieur de la maison, pas d’écart de température. Pendant la canicule de juin 2017, nous avions 23 à 24 °C sans climatisation. » Le gain pour l’été l’a aussi été pour l’hiver puisque la famille a désormais divisé sa consommation de granulés de bois par 2.
L’isolation par l’extérieur de la toiture est en mousse haute densité de 160 mm d’épaisseur recouverte d’un film d’aluminium.
Côté intérieur, une très belle volige est fixée sur les chevrons.
Pour Éric et Marie-Claude, tous ces investissements s’inscrivent dans une logique de convictions. « Il n’est pas nécessaire de vivre dans une maison récente pour faire des économies d’énergie. Si la maison offre une bonne base, on peut vraiment atteindre la catégorie A avec une maison ancienne. Tout n’est pas possible mais il y a toujours des solutions. Aujourd’hui nous sommes en catégorie A. Le bois pour le chauffage, c’est décarbonné. L’eau chaude, c’est le soleil. Le photovoltaïque, c’est l’autonomie. Nous pourrions subvenir à nos besoins, y compris avec une voiture… électrique. »
Le thermicien : Philippe Lemaire. L’installateur chaudière bois et chauffe-eau solaire : Jacques Le Bart (eneide conseil et Citoy’enR). L’ingénieur conseil pour le photovoltaïque : Philippe Flament (energies 21). L’installateur menuiseries A.E.C. Alu Espace Création.
