L’architecte d’intérieur Olivia Dubus a traduit le langage de la toulousaine typique dans un style contemporain. C’est souvent dans ces rénovations là que se dégage le mieux le charme de l’ancien.
La rédaction - photos Laurent Barranco
La façade était toute blanche, comme les menuiseries, à l’origine, avant que le temps ne salisse tout. « Nous avons choisi de donner du relief aux façades en ajoutant des teintes, explique Olivia Dubus. Le soubassement est beige grisé. Le crépi blanc craie met en valeur le blanc pierre du linteau des fenêtres.
Les menuiseries neuves sont d’un vert légèrement bleuté, qui figurait dans le nuancier des architectes des bâtiments de France. Volets battants à l’ancienne de même teinte.
En 2016, quartier Côte Pavée, un couple saisit l’opportunité d’acheter la toulousaine dont il est locataire depuis de nombreuses années. Le potentiel de cette maison ancienne ne fait aucun doute. Outre les 70 m² de surface en rez-de-chaussée, une partie des combles, alors inhabitables, pourrait le devenir, et agrandir ainsi la bâtisse d’une trentaine de m². Ils entendent créer à l’étage une chambre avec salle de bains, dressing et coin lecture, mais aussi au rez-de-chaussée tomber des cloisons pour agrandir les pièces à vivre et créer une cheminée.
L’architecte d’intérieur Olivia Dubus, à qui les propriétaires confient le projet, se souvient de sa première visite :
« Comme dans toutes les toulousaines, depuis l’entrée, un couloir dessert les pièces en enfilade, l’équivalent d’un F3. Construite dans les années 1930, rénovée dans les années 1960, la maison est dans son jus. Elle n’a plus jamais été rénovée depuis. Tout est à refaire : électricité, plomberie, menuiseries, façades… »
Dans la salle de bains, l’architecte d’intérieur accède aux combles par un escalier escamotable. La charpente est en bon état. Deux arbalétriers barrent le passage. Et là, surprise ! Une vieille chambre l’attend, au sol déposé, aux murs recouverts d’un papier peint ancien, des années 1930. Les cloisons sont en bois. Une seule fenêtre éclaire l’étage.
Olivia Dubus pressent l’ampleur du chantier. Implanter un escalier, déplacer des parties de charpente, créer un conduit pour la cheminée, tomber des cloisons au rez-de-chaussée, réagencer l’espace... Ajoutez à cela que la maison est en zone ABF (Architecte des Bâtiments de France) et que la réhabilitation des combles nécessite l’intervention d’un bureau d’étude en structure bois. Mais une fois terminé, le résultat sera là. Et quel résultat !
Peinture bleu grisé dans le nouveau salon de ce couple amateur de design contemporain. La cheminée a été dessinée par Olivia Dubus dans un style sobre et classique, et créée sur-mesure par Cheminées Monté (Colomiers). « Elle donne l’impression d’avoir toujours été là. » Le tapis de cheminée en carreaux de ciment s’emboite parfaitement dans le plancher d’origine retaillé et rénové par le parqueteur Baptiste Jacquet (Merville). Fauteuils iconiques 637 Utrecht XL designés par Gerrit Thomas Rietveld en 1935 et réédités par Cassina. Lampadaire Fun 1STM, aux disques de coquillages, designé par Verner Panton en 1964, édité par Verpan. Sublimes suspensions PH 5 designées par Poul Henningsen en 1958 et éditées par Louis Poulsen. Mobilier acheté chez 2B design (Toulouse).
« À chaque fois qu’ils me voient, plaisante aujourd’hui Olivia Dubus, ils me félicitent ! Ils sont très heureux du travail que nous avons réalisé. Le chantier a eu lieu tandis qu’ils y habitaient. Ce projet a demandé beaucoup d’attention. Les finitions ont été très minutieuses. »
La cage d’escalier a pris place dans l’ancienne salle de bains. Ouverte sur la salle à manger, elle agrandit l’espace. Une autre cloison a été démolie entre le salon et une chambre, pour également agrandir la pièce à vivre. Désormais le couloir dessert d’un côté le salon et la cuisine, de l’autre une chambre et la salle à manger, ainsi que l’accès à l’étage. « En conservant le couloir avec les pièces en enfilade, l’esprit de la toulousaine est sauf, les propriétaires y tenaient. » Enfin, si souvent on opte pour un seul mur de couleurs dans une pièce, ici pas question. La couleur est enveloppante, comme dans les années 1960, elle est sur tous les murs. Chaque pièce a sa couleur, son identité, que font ressortir les menuiseries, plinthes et plafonds blancs. Les couleurs sont mises en éclat.
Des spots encastrés éclairent les marches de l’escalier en acier, créé sur-mesure par Julien Cautain d’AMF (Atelier de Métallerie Ferronnerie) à L’Union. Sous l’escalier, applique Galliano de la maison portugaise DelightFull (Voltex, Toulouse).
Le sol de la cage d’escalier, ancienne salle de bains, est aujourd’hui recouvert de véritables carreaux de ciment (Ateliers Zelij, Toulouse). Les murs marrons de la salle à manger se prolongent dans la cage d’escalier pour agrandir l’espace, tout comme le beige grisé du couloir. Peintures Unikalo (chez Nuances et Décoration à Toulouse). Peintre : Corin’s Manufaktura (Toulouse).
L’entrée conserve son sol en carreaux de ciment blanc, rouges et noirs des années 1930. Boiseries neuves noires, murs gris beige qui se terminent par une bande blanche comme le plafond, à la mode des années 1930 dans une vision un peu plus contemporaine.
Combles aménagés. Tête de lit en gris anthracite. Charpente peinte en noir. Le plancher de l’étage en chêne légèrement vieilli fourni en 3 largeurs et 3 longueurs différentes de lames mixées a été posé par Baptiste Jacquet (Merville). Le plafond des combles isolé est peint en beige grisé comme l’entrée. L’étagère suspendue, ainsi que la verrière de la salle de bains sont réalisées par AMF (L’Union). La verrière installée en partie haute de la cloison de la salle de bains est calée sur une verrière en toiture pour assurer un apport de lumière naturelle dans la pièce d’eau. DIM Menuiserie (Rabastens) s’est chargé des 3 verrières en toiture.
La niche bleu électrique, seule touche de couleur de l’étage, est mise en lumière par des spots encastrés. Électricien sur ce chantier : AL’Elec (Puygouzon, 81). Chaise longue basculante créée en 1928, le LC4 designé par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand est édité par Cassina.
Dans la salle de bains, aux murs : enduit béton (peintre Corin’s Manufaktura). Robinetterie et vasque Partedis (Toulouse Lardenne).
L’architecte d’intérieur Olivia Dubus est installée à Toulouse depuis 2011. Son activité centrée sur le particulier ne l’a pas toujours été. Après une prépa Art Déco à l’Atelier de Sèvres et l’École Bleue (reconnue par le Conseil Français des Architectes d’Intérieur), elle travaille au bureau d’études de Silvera, grande marque de design, puis dans le cabinet Archimage comme architecte d’intérieur. Après 7 ans au service d’entreprises prestigieuses, elle crée sa propre agence. Un challenge gagné.
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