Près de Toulouse, Betty Marson est une tapissière décoratrice de talent. L’artisane d’art fête sereinement les douze ans de son atelier.
Photo : CHARLES SCHNEIDER
Betty Marson, tapissiere
Tapisserie d’ameublement, rideaux, coussins, tête de lit… dans l’atelier Toile de Lin de Betty Marson près de Toulouse les feutres de laine et les velours de lin se tiennent à carreau. Les douze ans de son entreprise, à la clientèle fidèle et aux collaborations exceptionnelles, racontent des histoires de vie. C’est le cas du fauteuil de famille que l’on fait refaire, d’un fauteuil trouvé auquel on donne une seconde chance… Son histoire à elle est une belle histoire.
Enfant, à Revel, Betty Marson aimait se promener dans les magasins de meubles qui faisaient la réputation de la ville. Revel comptait encore de nombreux ébénistes et tapissiers dont les ateliers ouverts laissaient s’échapper le bruit du marteau. Avec sa grand-mère couturière elle les fréquentait en quête de tissus. Adroite pour la couture, Betty Marson s’initie ensuite à la couture d’ameublement. À 20 ans, sa curiosité la mène jusque dans des filatures pour y acheter des étoffes. Sa carrière professionnelle dans l’administratif à Castelnaudary ne la détournera jamais de sa passion. Jusqu’au jour, à l’aube de ses quarante ans, où elle tombe sur un meuble qui va changer sa vie. « Je trouve à Emmaüs un fauteuil anglais auquel manque un pied. Considéré comme bon à jeter, on me le vend pour un euro symbolique. Une fois chez moi, lorsque je le démonte je m’aperçois qu’il a été conçu dans les règles de l’art, fruit d’un savoir-faire ancestral qu’il est temps que j’apprenne. » Betty Marson entame alors une reconversion professionnelle qui la ramène tout naturellement à Revel, sa ville d’origine, où se trouve l’Institut des métiers d’art et de l’artisanat d’art. Lorsqu’elle pénètre en janvier 2007, pour la première fois depuis très longtemps, dans l’atelier d’un tapissier revélois pour un stage, « les odeurs, les bruits, tout se réenclenche. C’est là que ma seconde vie commence ».
« Les odeurs, les bruits, tout se réenclenche. C’est là que ma seconde vie commence »
Pendant 6 mois, elle apprend les ficelles du métier, les gestes précis et rapides. Fixer les sangles à la ceinture du fauteuil avec les semences, ces clous tapissiers que l’on frappe avec le ramponneau. Poser des ressorts que l’on guinde, avec cette corde en chanvre qui les relie entre eux. Poser la toile de jute et faire la mise en crin, avant le piquage... Désireuse de tout apprendre du métier, Betty Marson multiplie les expériences dans différents ateliers pour connaître les techniques de chacun. Chez un tapissier de Graulhet, elle perfectionne sa mise en crin. Dans un atelier de Castres, elle apprend le capitonnage. En avril 2008, plus déterminée que jamais, Betty Marson crée son atelier. Aujourd’hui, Betty Marson voit dans son métier le sens qu’elle donne à sa vie. « Un métier écoresponsable, où l’on recycle beaucoup : meuble, tissus, mousses… et où on utilise des matériaux naturels, tels que le lin, le chanvre... »
Betty Marson collabore avec des ébénistes talentueux. L’un pour les meubles de styles, l’autre pour les restaurations. Et avec l’ébéniste designer Andrew Hemus pour des créations à quatre mains. De plus, elle fait partie du Collectif Oc’ by Tout un Art, qui réunit des artisans d’art toulousains. En plus de la restauration de fauteuil, Betty Marson réalise également ses propres créations. Après en avoir exposé quelques-unes à Carcassonne dans la boutique Le Patio des créateurs, la voici exposée dans l’immense show-room des Artisans ébénistes et créateurs de Revel.
