Maison familiale au jardin d’exception, cette toulousaine sort d’une restructuration complète. À la manœuvre : des propriétaires expérimentés, l’architecte DPLG Catherine Segonzat et sa kyrielle d’artisans talentueux.
LA RÉDACTION - PHOTOS CAROLE LITOT DE BE YOURSELF PHOTOGRAPHIE (sauf celles indiquées)
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Le paysagiste Antoine Ginesty de l’Atelier Saut-de-Loup à Toulouse a transformé la friche d’origine en véritable pépite. Une fois l’écran végétal créé pour masquer les vis-à-vis, Antoine Ginesty articule les espaces : une piscine de 4x6m (Toubat, Toulouse), un boulodrome, un pool-house, un espace lounge et un jardin d’agrément. © D.R.
Se lancer dans la rénovation d’une toulousaine ne s’improvise pas. Pour respecter le bâti ancien et le mettre en valeur pour longtemps, l’intervention d’artisans chevronnés, coordonnés par un architecte et un maître d’œuvre spécialisés est plus que nécessaire. Des propriétaires qui n’en seraient pas à leur coup d’essai aussi.
C’est la chance qu’a eu cette bâtisse construite dans l’entre-deux-guerres à deux pas de l’avenue Crampel qui relie le quartier Saint-Agne au Pont des Demoiselles. À l’automne 2021, Isabelle et Jean-Luc ont le coup de cœur pour cette toulousaine à rénover. Le couple a derrière lui la transformation de neuf logements. Parfois il l’occupe quelques années avant d’être emporté par un nouveau projet, avec l’excitation du premier. Pour mener à bien celui-ci, il fait appel à un architecte spécialisé. Le travail sur la lumière, le souci du détail et le respect de l’existant sont la règle de trois de Catherine Segonzat. Toulousaine pure souche, cette architecte DPLG, installée depuis 1994 dans la Ville rose, réalise quasi exclusivement des rénovations pour le particulier, souvent accompagnées de surélévation ou d’extension. « En collaboration avec le maître d’œuvre Romain Lavalette de MOD, je rénove beaucoup de toulousaines, mais aussi des fermes. Je réalise de nombreuses reconversions de bâtiments et restaure du patrimoine. » Cette « artisane à l’ancienne » signe des projets en Haute-Garonne et sur les départements limitrophes.
Face à face. Entre les deux canapés 3/4 places à bouclettes écrues Dorset Business de Maisons du Monde, table basse dessinée par Warren Platner en 1966 et éditée par Knoll. Lampadaire Luminator par Achille and Pier Giacomo Castiglioni en 1954 et édité par Flos.
Vue sur le jardin depuis le salon et la cuisine. Dans le salon familial, le poêle à bûches Pure du Belge Jidé (Cheminées Monté, Colomiers) promet de belles flambées autour desquelles se retrouver en famille. Le chauffage de la maison est assuré par une pompe à chaleur à air pulsé. Le poêle à bûches sert d’appoint.
Une partie ? Au-dessus du billard, deux suspensions PH dessinées par Poul Henningsen et éditées par Louis Poulsen. Lampe à poser PH en édition limitée. Mise en lumière des murs en briques et galets.
Parquet contrecollé en chêne. Escalier en médium teinté gris anthracite vitrifié, barreaudage thermolaqué, de la couleur des menuiseries extérieures.
À la pipette. La teinte terracotta des murs et menuiseries du couloir a été « pipée » dans la brique des murs d’origine.
Au Busca, le rez-de-chaussée de 127 m2 très cloisonné et peu lumineux (un classique pour les toulousaines), contraste avec sa surélévation des années 1980 qui offre de beaux volumes à l’étage. Les 250 m2 de surface totale baignent dans un style suranné. La mission consiste à créer une grande pièce à vivre lumineuse en rez-de-jardin et à l’étage quatre salles de bains et quatre chambres, dont une suite parentale d’environ 65 m2. Pour cela, Catherine Segonzat va complètement déstructurer le plan initial de la maison et partir sur une démolition « raisonnée ». L’escalier est déplacé. L’ancien garage, ouvert sur la rue et le jardin, laisse place désormais à la grande pièce à vivre. Le nouveau garage est implanté dans l’ancienne cuisine. Des murs porteurs sont abattus remplacés par des poutres en bois. Des ouvertures sur le jardin sont agrandies. De la somme de deux pièces à l’étage résulte la suite parentale. « L’électricité, le chauffage, la plomberie… on est repartis de zéro », résume l’architecte. Le lot plâtrerie, isolation, faux-plafond et peinture a été confié à l’entreprise L’Atelier (Toulouse). Son gérant Pierre Monteil se souvient : « À notre arrivée sur le chantier, la démolition venait d’avoir lieu, un gros travail de purge. Nous avons redistribué les volumes, cloisonné les espaces. Puis avec les travaux de peinture, nous avons été les derniers à partir. » Créé en 2010, L’Atelier et sa douzaine de salariés réalisent essentiellement dans l’hypercentre de Toulouse des chantiers de rénovation (placo, plâtrerie, staff, corniche, rosace et peinture). Démarré en avril 2022, le chantier est livré en septembre suivant. Une prouesse !
Salle à manger 1957. Autour de la célébrissime table Saarinen éditée par Knoll depuis 1957, les chaises Grand Prix dessinée par Arne Jacobsen et présentée par Fritz Hansen à l’exposition du printemps des designers au musée d’Art et de Design de Copenhague en 1957. Présence de la chaise Bertoia, conçue en 1952 pour la maison Knoll International par le sculpteur et concepteur italien Harry Bertoia. Au mur, applique 265 dessinée par Paolo Rizzatto en 1973 et éditée par Flos.
Cuisine b3 de Bulthaup. Avoir réalisé plusieurs maisons, ça sert. Les propriétaires avaient conçu lors de leur précédent projet la cuisine en accord parfait avec leur mode de vie. Pour celui-ci, ils l’ont reproduite à l’identique. Pour l’architecte, « c’est très agréable d’avoir des choix déjà faits, on construit autour ». Tabourets Gaja édités par Cassina et conçus en 1974 par l’architecte japonais Kazuhide Takahama. Leur structure ouverte avec un cadre en tiges d’acier électrosoudées et chromées confère beaucoup de légèreté. Suspension Flamingo du designer Antoni Arola pour Vibia.
La cuisine est souvent le point de départ d’un agencement, le premier coup de crayon, la pièce de vie centrale au cœur du logement. Les dimensions de l’ilot central permettent qu’on s’y retrouve en famille pour faire les devoirs, des jeux, la cuisine.
En termes de décoration, de meubles et de luminaires, le couple se fournit chez 2b Design Galvani. Cette maison historique de mobilier contemporain est connue des Toulousains depuis 1969. D’abord showroom Knoll, très rapidement l’enseigne devient multi-marques puis crée son propre bureau d’études pour accompagner ses clients dans l’aménagement de leur rénovation. Parmi les marques historiques et exclusives de 2b Design Galvani, citons Knoll, Cassina, Fritz Hansen et Artifort, à retrouver dans ses deux adresses du centre de Toulouse.
Ainsi, des pièces de design emblématiques rejoignent le quotidien d’Isabelle et Jean-Luc, dans une ambiance sublimée par la brique foraine. Côté outdoor, le paysagiste Antoine Ginesty de l’Atelier Saut-de-Loup à Toulouse, conçoit un écran végétal pour masquer les vis-à-vis, libérant un espace d’exception à quelques minutes à pied du cœur de la Ville rose.
Voilà déjà un an qu’Isabelle, Jean-Luc et leurs enfants sont installés. Heureux du résultat, ils ne s’interdisent pas un nouveau coup de cœur pour se lancer dans un nouveau projet.
Salle de bains parentale. Carrelage marbre de La Maison du Carrelage et Sanitaire (Balma). Meubles vasque de Maisons du Monde. © D.R.
Salle de bains garçon. Papier peint Bensimon, carrelage La Maison du Carrelage et Sanitaire (Balma). © D.R.
Salle de bains de la chambre d’amis. Meuble chiné retravaillé pour accueillir les vasques. Miroirs chinés. © D.R.
Salle de bains fille. Papier peint terrazzo, suspension FlowerPot de Verner Panton. © D.R.
Dans la chambre parentale, moquette au sol, chevet Kartell. Partout dans la maison, pour se jouer des contraintes structurelles (gaines de VMC, conduit de cheminée…) l’architecte a joué d’astuces. Ici, le conduit de cheminée sépare deux niches au-dessus du lit. Pour la teinte des murs, une couleur a été « pipée » dans le papier peint des niches. Peintures réalisées par L’Atelier (Toulouse). À l’arrière de la chambre : le dressing, la salle de bains et le toilette
Dans la salle de jeux-bibliothèque de l’étage, meuble USM et suspension 2097 dessinée par Gino Sarfatti en 1958 et éditée par Flos. La pièce distribue les quatre chambres, dotées chacune d’une salle de bains. Chacune leur univers.
Maître d’œuvre M.O.D (Toulouse). Démolitions, gros-œuvre Toubat (Toulouse). Cloison, doublage, peinture, revêtements muraux L’Atelier (Toulouse). Menuiseries extérieures Tekno-B (Castelmaurou). Paysagiste Atelier Saut-de-Loup (Toulouse). Électricité courants forts et faibles Ragot (Beauzelle). Menuiseries intérieures, escalier Arts aux Bois (Toulouse). Métallerie, serrurerie TTR Production (Noé). Plomberie, sanitaire Castex & Fils (Toulouse).