Retour sur l’univers d’Alice Salvador, un monde loufoque qui a fait perdre la tête à plus d’un curieux. Du 9 octobre au 7 novembre 2021, à La Cheminée, rue Sainte-Marie à Albi, l’artiste a repoussé les limites de l’anatomie humaine à travers ses œuvres.
Arthur Dias
Admirer les créations d’un artiste est l’occasion idéale pour se creuser la tête. Les dessins d’Alice Salvador ont l’amabilité d’offrir le mode d’emploi à cette pratique. Exploser, déchirer ou éclater, les crânes ne font pas long feu face au coup de crayon de l’artiste. Ces têtes en piteux état ont été dévoilées cet automne dans une ancienne chapellerie du XIXe siècle inscrite dans le paysage urbain albigeois depuis près de deux siècles. Un lieu singulier pour des travaux qui le sont tout autant.
L’exposition a connu une évolution à travers une performance imaginée par Alice Salvador. En effet, durant le vernissage, l’artiste a versé sur ses œuvres un fluide qui les a altérées. Une métamorphose issue d’une volonté de défigurer le figuré des visages pour accentuer leur vanité. Pour rendre l’expérience davantage unique, les créations habituellement accrochées aux murs et touchées des yeux par les visiteurs ont abandonné leur inaccessibilité. Les grands formats ont été exposés sur le sol, comme gisant sur le bitume, les faciès tout droit sortis de l’imaginaire de leur auteur fantasque se sont mués en véritables obstacles durant la visite. Le public a été maître de voir les œuvres comme des objets sacrés ou comme un futile assemblage de papiers… à piétiner.
L’artiste a également proposé la visite de son cabinet de curiosités, métaphore de la boîte crânienne, où cohabitaient vestiges de squelettes animaliers et reliques déconcertantes.
Alice Salvador, double portrait de Matis Leggiadro, 2021.
Alice autoportrait aux larves détail.
« Alice Salvador enseigne les arts plastiques aux collégiens dans le Tarn, mais elle est aussi - et surtout - une artiste », précise le commissaire de l’exposition Matis Leggiadro.
Bouteilles d’Alice Salvador.