Amoureuse… du carrelage. Quelle idée ! Comment tombe-t-on amoureuse… du carrelage ? C’est l’histoire de Caroline René-Bazin, l’histoire d’une passion qui ne l’a jamais quittée.
LA RÉDACTION
Dans son showroom du quartier Arnaud Bernard à Toulouse, Caroline René-Bazin agence sa vitrine avec des faïences colorées et graphiques. Stocks dormants, erreurs de commandes, excédents de chantier, la Lilloise d’origine déniche des quantités incroyables de carrelage perdu dans les limbes du secteur de la construction. Entre recyclerie et négoce de matériaux, Caroline René-Bazin est bien dans son temps.
Amoureuse… du carrelage. Quelle histoire ! Pourtant elle était prévenue. « Vous verrez, vous en tomberez amoureuse », lui avait soufflé le gérant des Carrelages Delannoy, parmi les plus importants négoces du nord de la France. Diplômée en technique de commercialisation, Caroline venait de rejoindre l’entreprise, c’était son premier poste, manager du showroom. Et ça n’a pas manqué. « Le carrelage est un produit à la fois décoratif et technique, confie-t-elle. Le matériau évolue sans cesse, les couleurs, les formes, tout en ne changeant pas. La terre cuite, les carreaux de ciment, les zelliges sont intemporels. »
Design d’intérieur : Marion Dedieu. © Emmanuel Passeleu.
La carrière de Caroline s’est construite carreau après carreau, dans des négoces de carrelage d’abord en France puis aux États-Unis et en Angleterre. Chez l’Oncle Sam, la qualité du service à la clientèle, le « customer service » américain, marquera à jamais sa relation clients. Été 2014, retour en France, Caroline défait ses valises à Toulouse. Un tour dans le quartier Saint-Cyprien lui fait découvrir les Ateliers Zelij, créateur et distributeur de zelliges et carreau de ciment. « Quelques mois plus tard, je prenais un Coca avec Samir Mazer, gérant et designer des Ateliers Zelij, en lui disant qu’on pourrait travailler ensemble. » C’est ainsi que Caroline va collaborer avec l’enseigne pendant plusieurs années, aux côtés de Delphine Laporte, cogérante. « Tout m’a plu. La petite structure, les produits, le sur-mesure, l’artisanal, les clients… nous avons réalisé des projets hallucinants ! »
Après cinq années d’une collaboration passionnante, Caroline prend une nouvelle direction. Spécialisé dans le BTP, le magasin de matériau de réemploi Recyclo’bat retient son attention. Pendant quelque temps elle accompagne cette association dans son développement marketing. Mais de tous les matériaux de construction qu’ils recyclent, il y en a un dont elle ne se défait pas, c’est encore et toujours le carrelage. Matériau de réemploi, carrelage, l’idée est là, son projet nait : créer un négoce de carrelage de réemploi, invendus et surplus.
« Un jour je monterai ma boîte », s’était dit Caroline, alors collégienne, à l’issue de son stage de 3e. En 2020, le moment est venu. Accompagnée par la coopérative Égalitère, dédiée aux femmes créatrices ou repreneuses d’entreprise, son activité démarre en douceur. Les stocks qu’elle déniche avoisinent les 15 m2 tout au plus, jusqu’au jour où elle met la main sur une erreur de commande de 1000 m2 dormants dans un entrepôt de Montauban. Plus tard, c’est sur le désencombrement d’un carreleur du Pays basque qu’elle tombe, récupérant à l’occasion quatre palettes de zellige, pâte de verre et carreaux de ciment. Petit à petit, Caroline étend son réseau et multiplie les partenaires en Occitanie et en île-de-France. En octobre 2021, elle crée Maison Carrelle et installe son showroom sur la mezzanine de la boutique Ressource Peintures en plein centre de Toulouse. Le déménagement de l’enseigne pousse Caroline à trouver un nouveau lieu. Finalement ce sera quartier Arnaud-Bernard, un local partagé avec la photographe Caroline Fabre et la créatrice en papier Caroline Houel.
Les particuliers qui poussent sa porte, les architectes, les décorateurs, sont accompagnés dans leur projet de bout en bout. Son histoire d’amour avec le carrelage, elle la partage, la transmet. Si vous ne trouvez pas Caroline au showroom mais Damien, son alternant, c’est peut-être qu’elle inventorie un stock de carrelage oublié au fond d’un entrepôt, qu’elle déplace palettes et cartons, qu’elle déniche pour ses clients un trésor. Ah l’amour !