La mosaïque a conduit la Toulousaine Éloïse Baro de l’Italie aux États-Unis, de la restauration de monuments historiques à la création d’œuvres d’art pour des collections privées. À 33 ans, la maître mosaïste ne boude pas son plaisir.
Photo : LUCAS BERNARD
Eloise Baro, mosaïste d’art
L’univers créatif d’Éloïse Baro est composé de tesselles de marbre, de feuille d’or, de verre teinté dans la masse, de pierres naturelles, de coquillages, de métal et de bois. Elle trouve essentiellement son inspiration dans la nature, la science et la culture. « Le recyclage d’objets trouvés est venu tout seul, confie-t-elle. J’adore ramasser des cailloux, un bout de bois, un morceau de métal rouillé, et lui offrir une nouvelle vie. » Ses créations sont exposées sur des salons et dans des galeries. La mosaïste est présente aussi bien au marché de Noël 2019 du Capitole à Toulouse qu’à la French artisanal exhibition de la Maison de la région Occitanie un mois plus tôt à New York.
Éloïse Baro a toujours fait de la mosaïque. Pourtant, elle se tourne d’abord vers le social et le métier d’éducatrice. Lasse de ne pas trouver de CDI sur Toulouse, elle mène plus loin sa passion. Après un stage auprès d’un maître mosaïste, puis un CAP de carreleur mosaïste aux Compagnons du tour de France, la jeune femme, alors âgée de 26 ans, s’installe en Italie. À Spilimbergo, au nord-est de Venise, elle intègre l’une des plus prestigieuses écoles de mosaïque au monde, la Scuola Mosaicisti del Friuli, pour une formation professionnelle de maître mosaïste. « Je ne parlais pas un mot d’italien », se souvient-elle.
Éloïse Baro a reçu le Prix Main d’or 31 catégorie Métiers d’art le 12 décembre dernier.
Le cursus est complet. On y enseigne la mosaïque classique, byzantine et romaine ainsi que la mosaïque moderne. Elle y apprend l’étude des portraits et le relief. Mais également la technologie des matériaux, la géométrie, l’histoire de l’art et le dessin. En 3e année, elle s’ouvre à la mosaïque contemporaine et développe son propre style. En 2016, Éloïse Baro devient maître mosaïste, et parle italien couramment. De retour en France, elle rejoint un atelier partagé à Verfeil, avant de créer son propre atelier à Toulouse. Des particuliers font appel à elle pour des créations et de la restauration ; les professionnels pour des enseignes, des pas de porte, des fresques, des parements… Elle collabore à des projets d’envergure, avec d’autres mosaïstes, dont Stephen Miotto. L’Américain sollicite son aide pour la création d’une oeuvre originale. Six mois seront nécessaires à trois mosaïstes pour recouvrir dedans dehors une Ford de 1941. Cette dernière trône aujourd’hui dans le parc d’une villa privée dans l’Oregon.
Détail du tableau Le Cerveau de Neptune. Réinterprétation du corail du même nom. Trame en céramique, remplie d’éponge teinte en blanc et de morceaux de coquillages placés sur la tranche.
Aujourd’hui encore, de projets Éloïse Baro ne manque pas. Outre les commandes, la création et le sur-mesure, elle propose des formations en entreprise avec l’agent d’artisans d’art Agathe Bourdrez. Des fresques et objets d’art sont créés collectivement et restent ensuite au sein de l’entreprise. Éloïse Baro exposera ses créations à la galerie Valat du 3 septembre au 27 octobre prochains. Et dans son atelier de Verfeil elle va proposer de la formation professionnelle. Bien que comblée, Éloïse Baro a toujours des rêves : « Je rêverais de créer une mosaïque dans l’une des stations de la troisième ligne de métro toulousain ». Message passé.
L’unité de la dualité. Mosaïque réalisée sur une vieille planche en bois brossé. De dominante foncée et blanche, la mosaïque réalisée avec du papier, de l’éponge, des coquilles d’huîtres et des coquillages recrée le veinage du bois en symétrie inversée. Diamètre 1 m. Ci-dessous, zoom sur l’oeuvre.
