Passionnée d’art, Barbotine Ciselet découvre le travail de la terre au début des années 2000. Une révélation qui l’amènera à créer des sculptures loufoques et enfantines loin des standards de perfection dictés par la société.
Arthur Dias
La céramiste Barbotine Ciselet.
Pétrie de talents, l’originaire de Carmaux dans le Tarn n’a ni été élevée par des artistes, ni grandi dans un atelier entouré d’œuvres d’art. « Ma famille n’est pas spécialement sensible à l’art. C’est une démarche personnelle, fruit d’une curiosité pour l’art dans sa globalité. Je n’ai pas fait d’études liées à cela. Je me suis tout simplement rendue un beau jour dans un atelier sur l’apprentissage de la terre à l’Union. Une révélation. »
La sculptrice débute officiellement son activité en 2019, sous le pseudo de Barbotine Ciselet : « Je ne souhaitais pas dévoiler mon identité donc j’ai dû choisir un nom. La barbotine est un mélange de terre et d’eau qui sert à coller des pièces entre elles et le ciselet est un des instruments que l’on utilise dans le modelage. »
Pour réaliser ses personnages, l’artiste utilise de la terre chamottée. Un matériau qui lui permet une grande liberté dans le modelage et dans la conception de ses œuvres.
À Toulouse, quartier Guilhermy, l’atelier de l’artiste est à visiter toute l’année pour mieux découvrir son univers déjanté. Seulement sur rendez-vous.
« Je commence par réaliser la sculpture. Une fois le résultat attendu atteint, je demande à mon compagnon et parfois à ma fille un regard extérieur. Ils arrivent à être objectifs et à me donner des conseils constructifs sur l’aspect, la couleur ou même la forme. La critique me permet d’évoluer. » Une fois les avis de chacun pris en compte, la céramiste se met au fourneau. « Après trois à quatre semaines de séchage, je fais cuire la sculpture entre 1000 et 1300 degrés pendant 48 heures. J’utilise ensuite un mélange de pigment et de cire pour ajouter de la couleur. Enfin, je finis par la patine pour accentuer l’éclat des teintes. »
Si l’artiste connaît sa recette sur le bout des doigts, son talent réside essentiellement dans son imagination et son originalité. Cramponnée à son appareil photo et toujours prête à déclencher l’objectif à la vue d’un habitant au physique hors du commun, Barbotine Ciselet donne vie à ses clichés à travers ses sculptures. « Cela ne m’intéresse pas de sculpter des personnages parfaits, ce qui me touche c’est le réel. Je ne souhaite pas répondre à des standards de beauté qui m’échappent totalement. » La Toulousaine en est convaincue, la véritable beauté réside dans les défauts de chacun. « Mes œuvres, c’est la vraie vie. Asseyez-vous sur un banc et regardez autour de vous… Cela ne ressemble pas à ce qu’on voit dans les publicités. »
Si le nom de Barbotine Ciselet a vu le jour récemment, la sculptrice expose depuis plusieurs années. Colomiers, Cugnaux ou encore la Belgique, l’artiste a pu rencontrer à de maintes reprises ses clients : « Ils achètent mes œuvres car ils retrouvent les traits de leurs proches dans mes personnages, que ce soit des grands-pères ou des grands-mères. » Néanmoins, la sculptrice ne se cantonne pas au réel. En effet, si parmi ses trois collections, deux se concentrent sur des personnes à l’allure sympathique (Colorama et Quotidien), la troisième nous plonge immédiatement dans le fantastique. « La série Manimal est inspirée de livres pour enfants, où l’on retrouve fréquemment ces individus mi-homme mi-animal. Une de mes premières sculptures, Monsieur Ours, réalisée en 2017 est d’ailleurs tirée de cette collection. Il incarne le début d’une aventure, je ne la vendrais jamais ! »
« Un peu de rousseur », série Colorama, 2019. Ce personnage haut en couleurs se distingue par ses cheveux roux et ses lunettes rondes vertes. H.40cm.
« Les Tatous », série Quotidien, 2020. Short à motifs ou tatouages sur tout le corps ? Barbotine Ciselet a choisi de mettre en scène les deux à travers ces personnages aux allures de hipsters.
« L’Instit », série Colorama, 2021. Ce professeur d’école de 35 cm de haut semble garder un œil attentif sur ses élèves.
« Je cours chez le dentiste », série Colorama, 2021. Avec sa salopette et sa coupe de cheveux extravagante, ce petit garçon au regard naïf prête à sourire tant sa dentition est imparfaite.
Du haut de ses 52 cm, « Monsieur Ours » de la série Manimal tient une place inestimable dans la collection de l’artiste. Réalisé en 2017 à partir de terre chamottée noire, Barbotine Ciselet a décidé de ne pas le colorer pour garder un aspect authentique.
« Monsieur Rhinocéros », série Manimal, 2021. L’artiste a utilisé une patine façon bronze pour donner un aspect vieilli à cette pièce unique et sauvage.