











Designer matiériste coloriste, un métier au carrefour entre l’art et la matière dont fait profiter Laurence Da Silva aux architectes, décorateurs et particuliers. Une profession singulière, qui a pris son temps pour germer dans la tête de l’artisan.
Arthur Dias
« Mon rêve ? Je viens de le réaliser en m’installant dans mon premier atelier afin de développer mon activité de création de matières et la réalisation de mobilier en béton ciré. C’est évidemment une prise de risque puisque cela a un coût, mais j’ai fait le pari que cela marcherait. Le processus est enclenché. » Cet état d’esprit définit de la meilleure des manières la femme qu’est Laurence Da Silva. Une vision digne des plus grands : « Je hais la prudence, elle ne vous amène à rien… Quand on a envie de faire, il faut plonger comme un fou et le faire, quitte à se tromper. » Ces quelques mots proviennent du plus célèbre des Belges, Jacques Brel, et pourrait parfaitement résumer le parcours à rebondissements de la designer matiériste coloriste.
En effet, la trentenaire a débuté par l’École des Beaux-Arts de Lyon, mais sur place, la Toulousaine réalise qu’elle ne veut pas devenir « une artiste pure et dure ». À seulement 18 ans, elle change alors de voie en s’orientant vers l’art thérapie via l’obtention d’un diplôme de psychomotricienne. Une façon d’allier son amour de l’art et de l’humain. Suite à cette expérience de cinq ans en milieu hospitalier, la jeune femme éprouve le besoin de retourner au concret. « Mon besoin de création m’a conduit à une nouvelle fois changer de formation. Mes week-ends se résumaient essentiellement à faire des travaux en lien avec la décoration intérieure. J’ai réalisé que ma véritable passion, c’est fabriquer et être sur des chantiers. »
Elle intègre l’École européenne de l’art et des matières (EEAM) à Albi pour obtenir un « Bachelor designer matiériste », doublé d’une certification professionnelle de matiériste-coloriste. Laurence Da Silva collabore par la suite avec des professionnels reconnus et se lance dans le grand bain : « J’ai décidé de créer mon entreprise Beau Vivre d’abord en tant qu’auto-entrepreneur, et je suis maintenant en SARL depuis trois ans. »
Des choix qui l’ont menée à divers projets : « J’ai maintenant plusieurs années d’expérience et environ 250 projets à mon actif. Je réalise en moyenne deux chantiers chaque mois. » Un se détache du lot par son challenge et son originalité. Cacao Fages, boutique d’artisan chocolatier a fait appel à la Toulousaine pour renforcer l’univers du chocolat en créant des matières pouvant rappeler la sucrerie. L’architecte d’intérieur Cécile Derrien a réalisé toute la conception du projet et Romain Lavalette, entreprise MOD, a mené la maitrise d’œuvre du chantier. « J’ai élaboré un mur de matière qui donne une impression de coulis évoquant la gourmandise. Par la suite, j’ai fait un badigeon à la chaux sur un autre mur et réalisé deux comptoirs en béton ciré. » Ce chantier représente 60h de travail pour Laurence Da Silva en seulement… quatre jours. « Je me fais un point d’honneur à tenir mes délais, bien que parfois, cela m’oblige à finir très tard. »
La jeune femme privilégie la peinture, le béton ciré, la chaux ou encore l’argile lors de ses créations. Pour l’achat de ces matières naturelles, elle choisit un commerce de proximité avec la boutique « Chaux’Room », situé boulevard de Suisse à Toulouse. Un attachement particulier qui pourrait donner naissance à « une collaboration future ». Une ambition qui s’ajoute à une vaste liste d’envies depuis la récente réalisation de son rêve. « Avec mon atelier, j’aimerais faire un showroom pour accueillir des architectes d’intérieur et mes clients. Je compte également me concentrer sur la création et la rénovation de mobiliers en jouant avec des textures originales pour remplacer le stratifié. Je vais pouvoir tester et expérimenter maintenant, c’est tout l’intérêt d’avoir ce nouvel espace. »