Amoureux de sa profession, Olivier Toulouse, basé à Grenade-sur-Garonne, ne vit qu’à travers deux mots : concevoir l’évidence. Une obsession qui dévoile les dessous d’un des métiers les plus idéalisés du monde moderne.
Arthur Dias
« Mon métier consiste à faciliter le quotidien des consommateurs. La difficulté réside dans le fait de répondre aux demandes du client et des industriels dans un même produit. » Chaque détail compte et le « moindre paramètre peut se révéler crucial » dans le monde du design, avoue Olivier Toulouse. « Je suis dans ce milieu depuis plus de 20 ans. J’ai confectionné des objets distribués chez Alinéa, Fly, Maisons du monde, Crozatier, Conforama, La Redoute et bien d’autres. Je réfléchis constamment à une façon de créer le produit qui fait dire… C’est ça qu’il me faut ! » Un casse-tête omniprésent dans l’esprit du designer. « J’ai vu mon visage sur de grands kakémonos dans une célèbre enseigne de l’Hexagone pour une campagne de communication qui m’associait aux produits que j’avais dessinés. Au premier abord, c’était gratifiant et puis après réflexion j’ai regretté que le design soit considéré comme un produit du marketing car il s’agit d’une démarche intellectuelle vouée à concevoir l’objet. »
Voilà 16 ans que le succès de la Boîte à musique Trousselier ne se dément pas. Les figurines tournent sur elles-mêmes et en rond.
Avant de profiter d’une telle reconnaissance, le designer a commencé en bas de l’échelle Un BTS de design produit à Blois, une licence d’arts appliqués à Toulouse et… l’armée. « Cela a duré dix mois et cette épreuve m’a rendu plus réaliste. J’ai atteint le grade de sous-officier qui m’a permis d’en apprendre plus sur la gestion d’équipe. »
Suite à cette expérience, Olivier Toulouse se rend à Chartres pour dessiner des flacons de parfum durant deux ans.
Désormais à son compte, le Toulousain confectionne une collection de boîtes à musique pour la marque Trousselier. «Ils ont en vendu 600 000 exemplaires. On en trouvait jusqu’au Japon. » Après ce franc succès, Olivier Toulouse retourne dans sa ville natale et enchaîne les salons. Une activité remplie de frustrations, indique-t-il :« J’apportais mes dessins jusqu’à Paris pour les présenter à des entreprises lors d’événements. Mais il est difficile de vendre un projet lorsqu’on ne daigne pas jeter un œil sur nous ». Abandonner ou se renouveler, le designer fait le choix de la persévérance en anticipant les besoins des enseignes. « À force d’affiner mon travail, j’ai commencé à signer des contrats avec des sociétés. J’essayais de comprendre les besoins des consommateurs en oubliant hier. Seuls aujourd’hui et demain comptent car les modes de vie évoluent. Je privilégie la simplicité, le jovial et surtout l’efficace. »
Chaise Suzy de chez Alinéa. 2019. Assise (épaisseur 25mm) et dossier (épaisseur 18mm) en panneau de fibres de moyenne densité. Structure et piètement en hévéa massif, avec chanfrein.
Meuble en chêne massif Gost de chez Zago. 2020
Meuble avec panneaux laqués et placage chêne Nina de chez Temahome.2019
Table d’appoint en chêne massif et métal laqué Basile de chez Flam&Luce.2019.
Collection de meubles en MDF laqué Uno de la marque suédoise Tenzo. Récompensée du German design award spécial 2019. À gauche, luminaire LMP Galant pour Flam&Luce en métal et tissu. H.205cm.
Une recette qui couronnera de succès le designer : « Tout s’est enchaîné, je prenais l’avion un jour pour Shanghai,un autre pour Milan pour rencontrer des entreprises internationales. Dessiner des collections qui rencontrent une telle réussite que les fournisseurs sont contraints d’acheter de nouvelles machines pour répondre à la demande, c’était inespéré ! »En 2019, Olivier Toulouse connaît son apogée avec le German design award spécial. « J’avais collaboré avec Tenzo, une marque suédoise qui fabrique des meubles design en kit de qualité. Cette collection nommée « Uno »a été récompensée de ce prix en Allemagne pour sa qualité et son côté intemporel.
Elle possédait également une forte valeur commerciale. »Malgré près de 1500 objets commercialisés à seulement 44 ans, Olivier Toulouse ne souhaite pas ranger son stylo. « La prochaine étape semble évidente, créer ma propre marque. Il me manque encore un peu d’audace et il va falloir que j’accepte d’avoir moins de liberté. Néanmoins, cette idée a germé dans mon esprit il y a 3 ans et elle ne cesse de pousser jusqu’à peut-être un jour éclore. »
Luminaire en métal et chêne massif Guarda de chez Flam&Luce. 2020
Luminaire en chêne massif et métal laqué Sun de chez Flam&Luce. 2020.
Tabouret de la collection Marsan de l’éditeur de mobilier made in France Hayedot.