











Entre l’artisanat et le monde de l’art, il n’y a qu’un pas. Nathalie Chaulaic les réunit grâce à sa passion, la mosaïque. Un loisir devenu métier qui fascine par l’immensité des projets qu’il engendre et la patience dont il faut faire preuve pour dénicher l’ultime éclat.
Arthur Dias
La porte s’ouvre, c’est une femme d’une cinquantaine d’années, arborant de longs cheveux noirs et un anneau en pendentif. Elle presse un interrupteur et la pièce s’illumine avec une teinte particulière, indissociable d’une lumière naturelle. Les légers bruits de pas sont désormais masqués par la radio branchée sur France Culture. Il est 7h30 et Nathalie Chaulaic enfile son tablier comme tous les matins dans son atelier. Devenue un véritable rituel, cet enchaînement de gestes forme, à l’image de son collier, un cercle…vertueux. « Mon atelier est un cocon depuis sa création en 2005. Ce n’est pas un bureau, rien n’est anodin dans cette pièce. Récemment, j’ai ramassé une feuille d’arbre particulière qui séjourne dorénavant ici et je sais déjà qu’elle m’inspirera dans le futur. Cela me permet d’entretenir ma créativité. Parfois, je prends des notes dans ma tête ou dans mon carnet… Puis toutes ces idées se rassemblent inconsciemment comme une mosaïque. »
La Haut-Garonnaise ne prend pas à la légère la créativité, qu’elle estime être accessible à toute personne qui s’en donne les moyens. Une philosophie que la femme a dû s’appliquer pour forcer le destin. Effectivement, Nathalie Chaulaic n’a pas suivi le parcours classique d’une artiste. Passée par une formation littéraire, elle se lance dans le marketing international, un métier davantage rassurant aux yeux de ses parents. Cependant, attirée définitivement par l’art, la femme se lance en amateur dans la mosaïque en 1998. Quelques années s’écoulent et Nathalie Chaulaic arrive finalement à vivre de sa passion. « J’ai bénéficié d’une formation auprès de mosaïstes italien et également avec un artiste local qui m’a fait découvrir le métier. Il faut trouver sa patte et cela prend du temps
On cherche encore et encore… Et surtout on se cherche soi-même. » En parallèle de ses œuvres, l’artiste collabore avec l’atelier Absolut Mosaïque sur de multiples chantiers. Une collaboration qui a conduite la femme dans des lieux hors du commun dont un en particulier. Il y a trois ans, la chance lui est donnée créer des sols en mosaïque de marbre pour la suite des voitures Léopold du train Venise-Simplon-Orient Express du groupe anglais Belmond. Un exercice aussi délicat que prestigieux, « c’est la première fois que je travaillais sur un sol mobile ». Une expérience inoubliable. Sa présence à « Révélations » au Grand palais à Paris est sa plus grande fierté. Ce rendez-vous incontournable qui célèbre la création internationale l’a mise au défi de proposer une œuvre d’exception. « Skin » est alors née, un tissu suspendu à un bambou d’1,40 m où l’on retrouve des coquilles et des tesselles d’or. « J’ai commencé à travailler sur les effets de peau pour sortir de l’ordinaire ». Cette pièce remarquable est d’ores et déjà sélectionnée pour la deuxième édition d’Homo Faber, l’évènement culturel international consacré à l’artisanat d’art. Avec quinze ans d’expérience, 70 expositions et plus de 150 œuvres à son actif, la carrière de la mosaïste est déjà copieusement remplie. Cependant, l’artiste n’est pas encore rassasiée : « J’ai pour objectif de me développer à l’international et côtoyer des architectes du monde entier. » Si demain le talent de l’artiste dépassera les frontières, aujourd’hui il se repose tout comme elle. Le tablier reprends sa place habituelle, les lumières s’éteignent, la radio cesse et la porte se ferme.