









Autant inspirée, qu’inspirante, l’Albigeoise dévoile ses émotions et sa vision des mouvements sur des toiles colorées. Sombre, surprenant ou vivant, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer l’art singulier de Priscille Deborah.
Arthur Dias
« Quand je peins une toile, je ne pense pas aux spectateurs. Je recherche la sincérité au plus profond de moi, car lorsqu’on est obnubilé par les regards autour de soi, on peut rapidement s’oublier. » Ces paroles sages proviennent d’une artiste qui ne l’est pas. En effet, Priscille Deborah se démarque par son art impertinent centré sur l’humain. En face d’un tableau vierge, l’artiste plasticienne se laisse guider par une énergie débordante qui se distingue aisément à la vue des multiples coups de pinceaux qui habillent peu à peu ses œuvres. « Je fais de l’expressionnisme sensualiste. À l’image de grands peintres comme Matisse et Van Gogh, je m’exprime à travers les gestes et la couleur. Je privilégie l’expression plutôt que la précision des traits, en somme, je préfère faire réagir que séduire par mon esthétisme. » Arrivée à Albi, non sans hasard, il y a cinq ans, l’artiste a réhabilité une ancienne discothèque qui lui permet de combiner habitation, atelier et prochainement espace d’exposition.
Pour dévoiler au grand public sa vision singulière de l’art, la femme originaire de Paris réalise des performances. Pendant qu’une danseuse, un acteur ou encore une chanteuse s’exprime sur scène, Priscille Deborah peint ce qu’elle ressent au côté de l’artiste. « Ma collaboration avec l’actrice Marie Delmarès m’a particulièrement marquée puisque nous avons réalisé une dizaine de représentations ensemble. Je faisais partie intégrante du spectacle, c’était un plaisir de la peindre, car elle était très expressive lorsqu’elle jouait et cela se ressentait dans mon oeuvre. » L’Albigeoise ne se limite pas à la scène, elle partage également des toiles ou des murs avec des artistes. Lors du Tour de France 2019, le peintre sculpteur Casimir Ferrer, lui prêtait main-forte pour la réalisation d’une œuvre en direct sur le thème de la célèbre course cycliste.
« J’aime varier les matériaux que j’utilise lorsque je crée. Cela va de la peinture à l’huile au collage, en passant par l’acrylique. Je fais couler, je gratte, j’expérimente pour être surprise moi-même par mon œuvre. Un artiste est semblable à un chercheur. » Après quinze ans d’expérience, la quarantenaire continue de vouloir repousser les limites de son art. Cinq cents tableaux, une centaine d’expositions, sept prix et la sortie d’un livre intitulé « Une vie à inventer » (éd. Albin Michel) n’ont pas rassasié l’artiste plasticienne, qui avait débuté sa carrière dans la production cinématographique. Un destin qui a un temps semblé tragique, pour se transformer en formidable aventure grâce à la volonté de la jeune femme : « Sans mon accident en 2006, je n’aurais peut-être pas osé me lancer… Mon handicap m’a donné la force de réaliser mes rêves ! »