







Chaque destin possède un fil conducteur, celui de la créatrice est fait de fer. Cette matière a accompagné la Toulousaine tout au long de sa carrière, mais des obligations physiques l’ont contraintes à redéfinir sa vision de ce métal.
Arthur Dias
« Je voulais, mais je ne pouvais plus… Mon corps m’a lâché, mon dos plus précisément. » Chaque vie connaît son lot d’événements imprévisibles, Sylvie Carayon l’a appris à ses dépends. La quinquagénaire a entamé une carrière d’artisan ferronnière il y a près de vingt ans. À la suite d’un CAP de métallier serrurier à la chambre des métiers d’Auch et d’une alternance avec un maître artisan, l’artiste s’est entraînée jusqu’à ses 40 ans avant de se lancer. « J’ai fabriqué des garde-corps, grilles de puits, portails, cloisons vitrées, du mobilier et des luminaires. Je me suis spécialisée dans la menuiserie métallique et j’ai fait mes preuves auprès de mes premiers clients. »
Une expérience riche en apprentissage, mais qui n’a duré qu’une décennie : « À la suite de chutes à répétition et d’une scoliose, j’ai dû faire une croix sur mon métier. Abandonner une activité rentable du jour au lendemain et perdre mes clients a été une épreuve douloureuse. » Ayant toujours possédé une fibre artisanale, Sylvie Carayon se veut pragmatique et décide de se diriger vers une activité en accord avec ses envies, mais également ses contraintes corporelles. « J’appelle cela ma parenthèse inattendue. J’ai réalisé une transition en douceur, en délaissant les imposantes barres de fer pour des fils du même matériau. Je savais au fond de moi que je pouvais rebondir avec cette nouvelle activité mais je devais tout reconstruire. Je voulais faire ce qu’il me plaît sans rechercher la reconnaissance d’autrui. »
Autodidacte, la créatrice constate les multiples similitudes entre son ancien métier et l’actuel : matière, dessin et contraintes techniques. « J’étais déjà artiste avant ma reconversion. Je réalisais des créations en parallèle de mon travail. » Après plus de 600 œuvres, une vingtaine d’expositions, de multiples marchés et un site internet, l’artisane retrouve une clientèle séduite par son art. Un simple fil de fer devient un élément noble pouvant donner naissance à des objets majestueux et vivant entre les mains de l’artiste. Buste, Converse ou encore Main créée à la demande de la Chambre des métiers du Gers pour devenir le trophée Main d’or de Gascogne, dénotent du talent de Sylvie Carayon.
La Gersoise propose également des ateliers à Léguevin pour faire part de son savoir-faire et intervient dans des écoles pour initier les plus jeunes à son art si singulier. « J’aime transmettre ma passion pour le fil de fer. Mes prochains objectifs sont d’ouvrir une boutique en collaboration avec d’autres créateurs à Toulouse et d’exposer dans une galerie. »