Si certains cherchent à tout prix à se projeter sur le devant de la scène, d’autres sont tout autant émerveillés par le monde du spectacle mais y travaillent dans l’ombre. C’est le cas de Valérie Tanfin, artisane plumassière à Léguevin.
LA RÉDACTION
Avec un parcours riche en expériences dans le monde du spectacle et de la haute couture, l’artisane d’art Valérie Tanfin a réussi à étendre ses créations à la décoration d’intérieur.
Son inspiration se puise directement dans la matière, les plumes qui fascinent et orientent sa démarche artistique. « Lorsque je crée une pièce, je ne pense pas à l’avance à ce que je vais faire. Je ne passe pas par le dessin, j’ai besoin de toucher la matière, de faire des essais. Je pars de la plume pour créer mon motif. »
Les plumes utilisées sont minutieusement sélectionnées. « J’achète des kilos de plumes à des éleveurs spécialisés. Ce commerce est très réglementé pour assurer la traçabilité et l’hygiène. J’opère ensuite un long travail de sélection en fonction de leur qualité et de leur taille. Les plumes sont taillées, teintées, frisées, courbées, pour des effets variés. Je veille aussi à avoir le moins de pertes possibles. »
Installée à Léguevin à l’ouest de Toulouse, Valérie Tanfin travaille sur des supports variés : toile, bois, aluminium… Une pince et une paire de ciseaux lui suffisent à produire de majestueuses toiles de plumes. Plusieurs semaines de travail sont nécessaires à la réalisation d’un tableau.
Réalisation du tableau « Koi » à base de plumes de faisan et de paon, choisi par le salon Fragments pour l’affiche de son édition 2022. © Sébastien Le Clézio.
« Koi », triptyque réalisé en plumes de faisan et de paon.
TAILLÉES, TEINTÉES, FRISÉES, COURBÉES,
LES PLUMES QUI PASSENT ENTRE LES MAINS DE VALÉRIE TANFIN SONT SUBLIMÉES.
La Toulousaine d’origine est jeune lycéenne lorsqu’elle décide de plonger ses mains dans la matière. « Je devais effectuer des stages dans le cadre de mes études de mode au lycée Gabriel-Péri à Toulouse. Attirée par le monde du spectacle, j’ai travaillé pour des cabarets locaux. C’est là que j’ai découvert l’univers de la plume ! Ça m’a beaucoup plu. » Baccalauréat en poche, Valérie Tanfin quitte la Ville rose pour la Ville lumière et rejoint l’unique école de plumasserie française, l’établissement Octave-Feuillet à Paris. Apprentie au sein de La Maison Lemarié, l’étudiante s’exerce sur des projets de haute couture pour des marques prestigieuses. Après deux années de formation, elle revient à son premier amour, en collaborant avec Maison Février qui réalise entre autres les parures du Moulin Rouge.
En 2015, la plumassière monte son atelier à Léguevin. « Je continue de travailler pour la mode et le spectacle vivant, notamment sur des projets pour le théâtre du Capitole. Également, je restaure des pièces anciennes pour le musée de la Mode à Albi. Côté création personnelle, je réalise des pièces de décoration d’intérieur : principalement des tableaux mais aussi des lampes. Enfin, avec ma mère qui forme à la broderie d’art, nous avons créé Le Plumarium en 2020 à Léguevin où nous proposons des stages pour faire découvrir nos merveilleux métiers. » Est-ce une reconnaissance de ses pairs ? Valérie Tanfin a été sélectionnée avec dix autres artisans pour représenter la région Occitanie sur son stand au salon Révélations du Grand Palais de Paris du 7 au 11 juin prochains.
Travail de minutie à la pince pour assembler les plumes de canard teintes soigneusement sélectionnées. © Sébastien Le Clézio.